chapitre 12 : l'adoption
Les exilées sont restées groupées et silencieuses pour ne pas attirer trop de faux bourdons qui auraient importuné l’essaim, et surtout des prédateurs qui l’auraient attaqué.
Elles ont assez vite trouvé un abri provisoire dans un grand tilleul en pleine floraison, se sont collées l’une à l’autre et autour de leur reine, ont commencé à butiner aux alentours pour recueillir le nectar qui va les nourrir pendant quelques jours, sans oublier la gelée royale pour alimenter Maya 17.
D’ailleurs, à propos du nom de la Reine, Georgette s’adresse à quelques-unes de ses voisines.
« Je crois que le nom de notre Reine ne lui va plus… Pourquoi garder ‘’ 17 ‘’ puisqu’elle ne retournera plus dans la bâtisse 17 ? dit Georgette.
- Nom de Bleu ! C’est ben vrai ça !
répondent en cœur Marion, Alice, Patricia et Mélanie.
- Forcément ! dit Marion, si nous sommes adoptées par quelqu’un qui
nous emmène dans la bâtisse ‘’ Machin ‘’ il faudra qu’elle change de nom.
- Oui ! Mais Maya-Machin, ça sonne mal…
- Je voulais dire un autre nombre que 17, par exemple 58, 74… Enfin ! Le numéro de la bâtisse…
- On verra bien ! conclut Georgette. On fera comme chez les humains : on organisera un sondage où chacune de nous toutes proposera un nom, ensuite on fera un classement, on gardera les cinq ou six premiers noms, et ensuite…
- Excuse-moi Capitaine, ça serait trop long à organiser : les humains vivent plus longtemps que nous et peut-être que certains d’entre eux n’ont rien d’autre à faire que cela… Moi, je propose que le moment venu, ce soit Maya qui décide.
- Tu as raison Mélanie !
Nous avons autre chose à faire en ce moment, plutôt que de mandibuler pour rien…
C’est bientôt l’heure du repas : préviens les autres, il faut que l’on
aille butiner en groupes successifs de 800, pas plus, pour ne pas faire décrocher notre essaim.
Trois jours se sont passés. L’essaim s’est habitué à l’espace très restreint que chaque abeille occupe, les disputes fréquentes, le ronflement de certaines pendant leur sommeil, alors que dans leur bâtisse elles possédaient toutes un studio personnel assez bien insonorisé.
« Angelle ! Change de place ! J’ai tes pattes arrières dans mes mandibules et ça ne sent pas très bon.
- Tu peux bourdonner, toi, Bérénice avec ta mauvaise haleine, tu as dû butiner une fleur pourrie, ma parole…
- Tu sais ce qu’elle te dit Bérénice ? Angelle, je t’enmielle !…
- Vous allez pas vous taire, toutes les deux ? Des guêpes ou autres casse-pattes risquent de vous entendre et rappliqueront ici pour nous attaquer.
- Tiens, justement !… Y’a quelqu’un qui rapplique… Chouette ! C’est un humain, intervient Georgette
- Appelons donc nos kamikazes, propose Bérénice.
- T’es folle ! Surtout pas ! Il est en tenue de camouflage et il fume, mais c’est sans doute pour nous emmener dans une nouvelle bâtisse.
- Alors on va l’accueillir gentiment.
- Ah ben miel alors !… C’est notre propriétaire du rucher des 800… Allez, tout le monde : trois, deux, un, zéro : Hip !Hip ! Hip ! Hourrah !… »
À suivre chapitre 13 : l’emménagement